Interprétez votre analyse d’eau

Sommaire
L’eau et son environnement
La qualité de l’eau distribuée
Les paramètres faisant l’objet de limites de qualité
Obtenir les résultats des analyses d’eau
Les textes de référence

L’eau et son environnement

Lors des précipitations, l’eau ruisselle ou s’infiltre et se charge en composants des sols et des roches mères. Ceci lui donne une « identité de base ». Ainsi, elle peut acquérir des sels minéraux en grande quantité (calcium, magnésium, sulfates…) ou d’autres composés (fer, manganèse…).
D’autres éléments liés à l’activité de l’homme peuvent être entraînés (nitrates, matières organiques, pesticides, micro-organismes…). La nature et l’occupation des sols jouent donc un rôle prépondérant.
L’eau contient des substances ou des micro-organismes qui par leur nature et leur concentration peuvent être indispensables, acceptables, indésirables, voire toxiques ou dangereux. L’eau prélevée dans le milieu naturel n’est généralement pas utilisable directement pour la consommation humaine. Elle doit subir des traitements pour pouvoir être consommée sans danger par l’ensemble de la population.

La qualité de l’eau distribuée

A partir des différentes informations, notamment médicales ou toxicologiques, une relation entre les valeurs d’un paramètre et les effets sur la santé peut être élaborée. Des limites de qualité sont définies en appliquant des coefficients de sécurité et de prévention afin qu’aucun effet néfaste ne puisse être observé sur la santé du consommateur. De plus en plus, ce travail est mené au niveau international par des experts sous l’égide de la Communauté Européenne ou de l’Organisation Mondiale de la Santé.
Lorsque ces limites de qualité sont dépassées, des mesures particulières de protection de la santé sont prises en fonction de la nature et du degré d’altération :

  • renforcement de la surveillance de la qualité de l’eau,
  • enquête,
  • évaluation des risques,
  • détermination des populations sensibles,
  • restrictions ou interdiction de la consommation de l’eau.

Les paramètres faisant l’objet de limites de qualité

Ces paramètres sont classés en sept grandes catégories.

Les paramètres organoleptiques

Il s’agit de la saveur, de la couleur, de l’odeur et de la transparence de l’eau. Ils n’ont pas de signification sanitaire mais par leur dégradation peuvent indiquer une pollution ou un mauvais fonctionnement des installations de traitement ou de distribution. Ils permettent au consommateur de porter un jugement succinct sur la qualité de l’eau.

Les paramètres en relation avec la structure de l’eau

Ce sont eux qui font l’identité de base de l’eau. Ils sont essentiellement représentés par les sels minéraux (calcium, sodium, potassium, magnésium, sulfates…).

  • Conductivité
    La conductivité électrique permet d’avoir une idée de la salinité de l’eau. Une conductivité élevée traduit soit des pH anormaux, soit une salinité élevée.
    Eau d’alimentation : Nombre guide = 400 micro S/cm

    • 50 à 400 : qualité excellente
    • 400 à 750 : bonne qualité
    • 750 à 1500 : qualité médiocre mais eau utilisable
    • > 1500 : minéralisation excessive
  • Titre alcalimétrique
    Le titre alcalimétrique permet d’apprécier la concentration de tous les carbonates et bicarbonates dans l’eau. La formation d’une couche carbonatée assurant la protection des canalisations contre certains risques de corrosion nécessite une alcalinité minimale. Le titre alcalimétrique complet, donnant l’alcalinité totale de l’eau (pas seulement l’alcalinité due au bicarbonate et au carbonate), ne doit pas être inférieur à 50 degrés F.
  • Chlore
    Pour le chlore (chlorures), le nombre guide est de 25 mg/l. La concentration « à risque » est de 200 mg/l. Les eaux chlorurées alcalines sont laxatives et peuvent poser des problèmes aux personnes atteintes de maladies cardio-vasculaires ou rénales. Le seuil gustatif est de l’ordre de 200 à 300 mg/l. La présence de chlorures dans les eaux est due, le plus souvent, à la nature des terrains traversés. Elle peut être aussi un signe de pollution (rejet industriel ou rejet d’eaux usées).
  • Sulfates
    Nombre guide : 25 mg/l, concentration maximale : 250 mg/l
    Des concentrations supérieures à 250 mg/l ne sont pas dangereuses mais comportent un risque de troubles diarrhéiques, notamment chez les enfants. La présence de sulfates est liée à la nature des terrains traversés. Elle peut également témoigner de rejets industriels.

Les paramètres indésirables

Sont dites indésirables certaines substances qui peuvent créer soit un désagrément pour le consommateur : goût (matières organiques, phénols, fer…), odeur (matières organiques, phénols…), couleur (fer, manganèse…), soit causer des effets gênants pour la santé (nitrates, fluor).

  • Matières organiques
    La contamination des eaux par des matières organiques est mesurée par l’oxydabilité au permanganate de potassium. Nombre guide : 2 mg/l d’oxygène, concentration maximale : 5 mg/l d’oxygène.
  • Ammonium (NH4)
    Nombre guide : 0,05 mg/l, concentration maximale : 0,5 mg/l
    Si la concentration est supérieure à 0,05 mg/l il faut suspecter une pollution récente d’origine indutrielle ou humaine.
  • Nitrites (NO2)
    Nombre guide : 0 mg/l; concentration maximale : 0,1 mg/l
    La présence de nitrites dans les eaux est un signe de pollution. Elle justifie une analyse chimique et bactériologique détaillée.
  • Nitrates
    Nombre guide : 25 mg/l, concentration maximale : 50 mg/l
    En France, actuellement, une eau contenant plus de 50 mg/l de nitrates est officiellement non potable. Cependant, on estime que la consommation d’une eau ayant une teneur en nitrates comprise entre 50 et 100 mg/l peut être tolérée, sauf pour les femmes enceintes et les nourissons. Au-delà de 100 mg/l, l’eau ne doit pas être consommée. Les populations concernées doivent être informées dans les meilleurs délais et par tous les moyens adaptés.
    Les effets néfastes des nitrates sur la santé : l’ingestion de nitrates à fortes doses est susceptible, sous certaines conditions, de perturber l’oxygénation du sang chez les nourissons (« maladie bleue », ou méthémoglobinémie). Par ailleurs, ils sont suspectés de participer à l’apparition de cancers digestifs.
    Les effets néfastes des nitrates sur l’écosystème : associés au phosphore, les nitrates modifient le comportement de certaines espèces végétales. Dans les eaux douces, ils participent aux phénomènes de prolifération d’algues microscopiques (eutrophisation), préjudiciables aux traitements de potabilisation et à la sécurité des baignades (diminution de la transparence de l’eau). Dans les eaux de mer, cette eutrophisation se manifeste par des accumulations importantes d’algues vertes sur les plages.
    Voir aussi la page nitrates
  • Fer
    Nombre guide : 50 microgr/l, concentration maximale : 200 microgr/l
    Les besoins journaliers de l’organisme sont de 1 à 2 mg de fer. Les limites de potabilité sont basées sur des effets esthétiques, le seuil gustatif, les effets ménagers et les inconvénients qu’entraîne le fer, à trop fortes concentrations, dans les réseaux de distribution. A des concentrations de l’ordre de 300 microgr/l, le fer tache le linge et les installations sanitaires et donne mauvais goût à l’eau.

Les paramètres toxiques

Une pollution industrielle du captage ou une dégradation des réseaux de distribution peut entraîner la présence d’éléments toxiques dans l’eau, dangereux pour la santé en cas de consommation régulière. Ils sont essentiellement représentés par les métaux lourds (plomb, nickel, mercure, chrome, cyanure, cadmium, arsenic…).

La cadmium, par exemple, est classé parmi les substances toxiques. Il a la particularité de s’accumuler dans les organismes vivants au niveau du foie et des reins. Sa toxicité est liée à sa dissolution dans le sang. L’exigence de qualité de la teneur en cadmium dans les eaux distribuées est de 5 microgrammes/l.

Si vos canalisations sont en plomb (installations anciennes), l’eau, surtout si elle est acide, peut le dissoudre. Le plomb expose au risque de saturnisme, intoxication chronique pouvant modifier l’humeur (irritabilité), le sommeil et une diminution des capacités intellectuelles. La teneur en plomb est limitée actuellement à 50 microgrammes/litre. La prochaine directive européenne (attendue pour la fin 98) fixera cette limite à 10 microgrammes/l (à échéance 10 ans). La France devra rénover environ 40 000 km de canalisations pour se mettre aux normes…

Les paramètres microbiologiques

L’eau ne doit contenir ni microbes, ni bactéries pathogènes, ni virus qui pourraient entraîner une contamination biologique et être la cause d’une épidémie.

Le dénombrement bactérien consiste à rechercher des bactéries aérobies, c’est-à-dire se développant en présence d’oxygène. Cette analyse est surtout significative pour l’étude de la protection des nappes phréatiques.

  • à 37 degrés, en 24 heures, on isole les bactéries vivant chez l’homme et les animaux à sang chaud. Nombre guide : 10/ml, pas de concentration maximale.
  • à 20-22 degrés, en 72 heures, on isole les bactéries du milieu naturel. Nombre guide : 100/ml
    • Coliformes totaux et fécaux (Concentration maximale : 0)
    • Streptocoques fécaux (Concentration maximale : 0)
    • Clostridium sulfito-réducteurs (Concentration maximale : 0)
    • Staphylocoques pathogènes (Concentration maximale : 0)

La présence de coliformes fécaux ou de streptocoques fécaux indique une contamination de l’eau par des matières fécales. La présence d’autres coliformes, de clostridium ou de staphylocoques laisse supposer une contamination de ce type. Dans les deux cas, des mesures doivent être prises pour interdire la consommation de l’eau ou en assurer le traitement.

Les pollutions microbiologiques ne sont pas rares : d’après l’Institut Français de l’Environnement, plus de 17 millions de personnes ont consommé en 1997 une eau ponctuellement polluée par des streptocoques fécaux ou des coliformes. Dans ce domaine, on manque encore d’études épidémiologiques.

Les paramètres concernant les pesticides et produits apparentés

Souvent due à l’utilisation de produits destinés à la lutte contre les parasites, les insectes ou comme herbicides, la présence de pesticides et des produits apparentés dans l’eau est limitée à des doses infimes, à titre préventif pour la santé.
La règlementation fixe à 0,1 microgramme/l la concentration maximale par substance individuelle et à 0,5 microgramme/l le total des substances mesurées.
A forte dose, la toxicité sur l’homme (travailleurs exposés professionnellement) et les animaux est largement prouvée. Les pathologies les plus souvent décrites sont des cancers. En revanche, les effets liés à l’ingestion de faibles teneurs, aussi bien dans l’alimentation que dans l’eau distribuée, restent encore peu connus. On suspecte les pesticides de « perturber les régulations hormonales et d’accroître le risque de cancers du sein, de la prostate et du testicule » (étude de De Hayo et Van der Werf citée par Eurêka no 36 octobre 98), et de diminuer la fertilité masculine.
Voir aussi la page pesticides

Les paramètres concernant les eaux adoucies

Des seuils de teneurs en calcium et en magnésium (dureté) et d’alcalinité (pH) ont été fixés pour que l’eau adoucie convienne à la consommation humaine.

  • L’acidité de l’eau (pH)
    Le pH doit être compris entre 6,5 et 8,5. Le maximum admis est 9,5. Des pH inférieurs à 7 peuvent provoquer une corrosion des tuyauteries métalliques. La corrosion augmente avec la diminution du pH. Des concentrations élevées en plomb, par exemple, peuvent résulter de la corrosion de canalisations par une eau exagérément acide.
  • Dureté
    La dureté d’une eau correspond à la présence de sels de calcium et, dans une moindre mesure, de sels de magnésium (de strontium, de baryum). On l’exprime en général en milligrammes d’équivalents de carbonate de calcium par litre.
    Ce paramètre ne fait pas l’objet de normes strictes. Il varie le plus souvent entre 10 mg/l et 500 mg/l. La valeur de 100 mg/l est couramment atteinte. Avec l’intervention d’autres facteurs (pH, alcalinité), une dureté de plus de 200 mg/l peut entraîner l’entartrage des canalisations et des appareils de chauffage. A l’inverse, une dureté trop faible (inférieure à 100 mg/l) ne permet pas la formation d’une couche carbonatée protégeant les canalisations de certains risques de corrosion.
    Les éventuels effets sur la santé de la dureté (ou de la douceur) de l’eau de boisson sont controversés. Quoi qu’il en soit, par rapport à l’alimentation, l’apport de calcium et de magnésium par l’eau est faible (5 à 20 %).

Obtenir les résultats des analyses d’eau

Les résultats des analyses doivent être affichés a posteriori en mairie. S’il vous est impossible de les obtenir en mairie, demandez-les à la Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales, auprès du service Santé-Environnement.

Les textes de référence

  • Articles L.19 et L.20 du Code de la Santé publique
  • Directive européenne no 80/778 du 15/07/80 relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine
  • Décret no 89-3 modifié du 03/01/89 relatif aux eaux destinées à la consommation humaine à l’exclusion des eaux minérales naturelles
  • Arrêté du 10/07/89 relatif à la définition des procédures administratives fixées par les articles 4, 5, 15, 16 et 17 du décret no 89-3
  • Circulaire DGS/VS4 no 97-451 du 27/06/1997 relative aux teneurs en triazines et nitrates des eaux destinées à la consommation humaine
  • Directives de qualité pour l’eau de boisson (3 vol.), OMS, 1986

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